C’est exactement ce que Michel Foucault appelle une « hétérotopie », le lieu physique réel de réalisation d’une utopie. Un espace concret qui héberge l’imaginaire comme une cabane d’enfant, un espace à la fois mythique et réel.
Concrètement, le Théâtre du Centaure c’est une famille d’une dizaine d’équidés et d’humains qui ont construit ensemble un mode de vie et de création spécifique. Village, écuries, lieu de travail et de fabrique, où dix personnes et dix chevaux œuvrent tous les jours à la réalisation d’une utopie.
Évidemment le Centaure n’existe pas. C’est l’utopie d’une relation, d’une symbiose pour n’être qu’un à deux.
« Parce qu’il est impossible, parce que c’est une utopie, le Centaure est pour nous une forme d’engagement.
Un engagement qui nous pousse à inventer un théâtre qui n’existe pas, des formes différentes, un langage autre ».
Fondé en 1989 par Manolo puis rejoint en 1992 par Camille, le Théâtre du Centaure est implanté à Marseille depuis 1995 : D'abord en résidence au Centre équestre Pastré (Marseille 8e), il est depuis fin 2016 situé à La Jarre (Marseille 9e), dans les Hauts de Mazargues, une Zone Urbaine Sensible en limite du Parc national des Calanques. Il est là un trait d’union entre Ville et Nature comme le Centaure est un trait d’union entre l’homme et l’animal.
La compagnie est dirigée par Camille & Manolo
Manifeste
Le centaure est un aveu : celui de notre incomplétude.
C’est aussi un cri d’alliance : quand tu regardes un centaure, tu vois une relation.
Je ne serai entier qu’en étant toi : le centaure est une promesse.
Je rêve d'un galop pour ma moitié humaine, je rêve d'une parole pour ma moitié animale : le centaure espère l’impossible, de toutes ses forces rassemblées; il interroge l'animal humain, déplaçant les frontières de soi aux frontières de l’autre : le centaure est un franchissement.
Le centaure est de ces rêves qu’on ne réalise qu’en rêve : d’un être fabuleux, nous avons fait une utopie, notre espace quotidien et un recueil de poèmes disant notre rapport au monde, et le rapport du monde à ses propres rêves, son besoin d’autre et sa quête d’ailleurs.
C’est à l’intérieur de chacun que le centaure s’élance, là où les secrets ont leur sauvagerie, l’inconscient son étrangeté, là où l’avenir s’arpente à plusieurs.
Nous avons préféré ce corps qui n’existe pas, plutôt qu’un corps qui existe à moitié.
Fabrice Melquiot, 2007.